A69 : une erreur faite à moitié peut être pire qu'une erreur faite jusqu'au bout...

Bien que ne résidant pas dans le Tarn, je me permets de douter du rapport bénéfices/inconvénients de l'autoroute Toulouse-Castres A69. Je ne suis pas sûr que les minutes gagnées compensent l'artificialisation engendrée du milieu naturel. Ce débat a animé la décision de la construction de la voie nouvelle et je n'y reviendrai pas.
Ce qui me chagrine, c'est que l'on présente l'abandon du projet comme une victoire pour l'écologie... qu'il n'est en aucun cas. Au stade d'avancement du projet, les zones concernées ont déjà été artificialisées, dévastées et dévitalisées. Qu'y a t-il de pire entre l'avoir fait au profit d'une autoroute ou... ne l'avoir fait pour rien ? Je suis persuadé que la deuxième option constitue une double peine insupportable pour les riverains. On a pourri leur milieu naturel pour ne fournir aucun aménagement utile à leur quotidien. Tout en finançant allègrement l'opération sur le budget de leurs impôts... Combien de ponts inutilisés et d'espaces naturels détruits sans aucune utilité publique faudra t-il encore pour se rendre compte de la supercherie ? Combien de milliards de dette nous faudra t-il encore pour débuter le commencement de prémices d'interrogations sur la nécessité de gérer utilement les deniers publics ?J'ai évidemment des désaccords majeurs avec Philippe Folliot. Toutefois il a raison d'interroger le traitement judiciaire des recours.
J'y vois deux motifs :
- les procédures juridiques sont trop longues au regard du temps de construction de tels projets
- les boucles de rétroaction du système judiciaire (pénal, appel, cassation, conseil d'état...) sont trop nombreuses et participent d'un acharnement judiciaire alors que les travaux avancent et dont le peuple est systématiquement le grand perdant. Soit parce qu'il passe son temps à financer la justice de l'État pour mettre en scène un tel fonctionnement, soit parce que l'arrêt du projet ne sera prononcé qu'une fois celui-ci trop avancé et la nature déjà détruite...
Pour ceux qui ne comprennent toujours pas pourquoi je ne suis pas chez les Verts, il y a donc ici de quoi entrevoir une (énième) raison supplémentaire : faire primer l'intérêt populaire sur les prismes et les acharnements idéologiques, donnant parfois des résultats contraires à ceux souhaités. Encore faut-il accepter de le voir en face...