Lecornu premier ministre : et maintenant ? Quoi de positif ?

J'ai eu l'occasion de m'exprimer sur les sorties possibles de la situation politique que nous traversons : le nouveau gouvernement, l'Article 16, la dissolution ou la démission. Emmanuel Macron a choisi de reconduire Sébastien Lecornu dans ses fonctions de Premier ministre.
Cela a ponctué une semaine politique lunaire par une annonce lunaire. Non pas que la personnalité de Sébastien Lecornu soit par elle-même le problème, mais parce qu'Emmanuel Macron semble confirmer son envie toujours croissante de s'asseoir sur l'avis des Français, comme si son élection pour cinq ans pouvait l'autoriser à rester replié sur lui-même sur une durée équivalente.
Mais face à une situation nationale qui n'attise que la méfiance à l'égard de TOUS les partis politiques - je dis bien TOUS - quelques bonnes nouvelles peuvent survenir :
- L'Elysée confirme que Sébastien Lecornu a "carte blanche" sur la composition de son gouvernement. Ce qui pourrait sous-entendre qu'il était enchaîné par les partis et le Président pour la composition du précédent, ce qui n'aurait rien de surprenant. Cet épisode permettra de voir si Sébastien Lecornu était, oui ou non, sincère dans sa volonté de rupture avec les méthodes et les visages des équipes précédentes...
- ...Ce que les premiers bruits de couloir semblent confirmer. Sont évoqués les noms de Laurent Nuñez pour l'Intérieur, d'Anne Levade pour la Justice, de Nicolas Revel pour la Santé, d'un général d'armée pour la Défense... le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il ne s'agit pas de profils vus et revus dans les gouvernements précédents. Certains sont intéressants pour leurs compétences manifestes, comme Laurent Nuñez ou Nicolas Revel.
- Alors que la moitié des partis sont déjà tournés vers 2027 et que leurs attitudes à l'égard de l'exécutif en dépendent de façon presque systématique, l'arrivée d'un gouvernement moins politisé permettra de garantir que les ministres nommés agiront jusqu'au bout de leur mandat sans se préoccuper de leur reconduction. Par ailleurs, un certain nombre de réformes brandies par les partis politiques comme des totems relèvent d'idéologie pure et dure, autant à gauche qu'à droite, et la présence de personnes expérimentées permettra de ne pas les exclure sur des bases idéologiques mais, le plus simplement du monde, de voir ce qui tient la route et ce qui n'est pas envisageable. Cela ne signifie pas pour autant que le gouvernement doive être 100 % technique ; des directions politiques seront attendues, et elles feront l'objet d'un discours de politique générale.
- Même sans vision politique, le prochain gouvernement restera toujours plus mature que l'Assemblée nationale. Le sectarisme des partis est fatiguant au possible et atteint un paroxysme tel que sur certains sujets, aucune position ne peut être tenue. Prenons l'exemple de la réforme des retraites de 2023. Si le gouvernement la maintient, les socialistes s'ajouteront à LFI, au PCF, à EELV et au RN pour faire chuter l'exécutif. Si le gouvernement la repousse ou l'abroge, c'est LR qui joindra ses voix aux partis d'extrême gauche et d'extrême droite. Face à des positions tranchées d'une façon aussi caricaturale, il est de la responsabilité des partis d'entendre le message des Français qui leur demande d'en finir avec les interminables querelles et autres postures de gourous sectaires avec un bon financement public. Entre les proches de Mélenchon, de Le Pen et dans certains cas de Macron, on croirait demander leur avis à trois familles catholiques !
Dans le cas d'une censure, au plus tôt mercredi prochain, il est fort probable que le Président dissolve l'Assemblée nationale et que nous repartions tous en campagne. Les Universalistes - Homme Animaux Planète et La France Naturellement s'y préparent déjà, et la détermination ne manque pas. Mais quel sera le résultat des urnes, à part un plus gros pourcentage pour le RN, toutefois insuffisant pour lui assurer une majorité absolue ? À part la disparition de certains députés LFI qui auront affronté des candidats Place Publique ? Rien, l'instabilité qu'on observe aujourd'hui n'en sera qu'accrue, et il n'est pas dit que l'ensemble de ces partis gagnent en maturité...