Palestine reconnue : oui, mais pas maintenant !

Le président de la République a annoncé reconnaître l'État de Palestine lors du prochain sommet de l'ONU en septembre. La reconnaissance de la Palestine constituera tôt ou tard, de toute façon, un objectif indispensable pour résoudre le conflit en cours depuis trop longtemps. Elle correspond aussi au respect du principe d'une Nation : un territoire, un peuple, une culture. Avec de telles divergences culturelles, provoquées par une tension identitaire dévastatrice, assurer un État aux israéliens et un autre aux Palestiniens semble être un scénario à la fois juste et nécessaire.
Mais reconnaître la Palestine, dans sa situation actuelle, et avec ses représentants actuels, constitue une grave erreur qui ne rend pas service au peuple palestinien lui-même.
Pas tant qu'elle est dirigée par un parti politique d'extrême droite disposant d'une branche paramilitaire (pour ne pas dire : terroriste). Devrions nous reconnaître un État dirigé par des criminels ? Un État mafieux ? Quel respect pour le peuple palestinien dans ce geste ? Quel message envoie-t-on aux Palestiniens victimes du bouclier humain de Gaza ?
Pas tant qu'elle est dirigée par la même élite qui s'assoit sur toutes les nouvelles élections qui auraient dû avoir lieu depuis la dernière survenue en 2006. Devrions-nous reconnaître une dictature ? Quel respect pour le peuple palestinien dans ce geste ? Pour les Palestiniens qui ne se sentent politiquement pas représentés par le Hamas depuis tout ce temps ?
Pas tant qu'elle est dirigée par une organisation qui appelle à poursuivre la guerre et qui détient encore de nombreux prisonniers politiques. La libération de tous les prisonniers, côté Hamas comme côté Israël, semble être une condition inévitable de la désescalade.
En d'autres termes, pas tant que les électeurs ne seront pas revenus aux urnes dans des conditions démocratiques incontestables, arbitrées par l'ONU ou par des pays n'ayant pas pris position pour ou contre Israël ou la Palestine. Pas tant qu'à cette élection se présenteront encore des partis qui n'ont pas été intégralement désarmés. Et si dans le respect de ces conditions le Hamas (désarmé) gagne ? Ce sera la décision du peuple palestinien d'élire des dirigeants d'extrême droite. Après tout, c'est bien arrivé ailleurs. Mais aucune nation ne peut être reconnue avec une autorité illégitime, mafieuse et criminelle. Les Palestiniens méritent mieux que cet amalgame, ils méritent mieux que ce piège identitaire. Les israéliens et les palestiniens ont besoin d'un processus qui permette d'aboutir à la paix et à la stabilité. Tant que ces conditions ne sont pas réunies, n'enfermons pas ce peuple dans le viseur d'élites qui ne se battront certainement pas pour leur bien. La décision d'Emmanuel Macron de passer outre ces précautions est grave et prématurée.