ZFE : ce qui devait arriver arriva

29/05/2025

Les députés ont voté la suppression des Zones à Faibles Émissions, à l'origine de nombreuses crispations entre les tenants de l' "écologie" urbaine d'un côté, et un cartel alliant liberté et justice sociale de l'autre.

Je ne me limiterai pas à dire que c'est bien, ou que c'est mal. J'estime surtout que cette suppression était la seule chose à faire avec le concept de ZFE. 

Avec nostalgie, car l'idée part d'une bonne intention : 

  • celle de réduire la pollution de l'air en privilégiant les mobilités douces et les transports décarbonés 
  • celle de respecter les riverains, qui, comme les ruraux, ont un droit à respirer un air d'une qualité relevant d'un minimum syndical acceptable.

Mais aussi avec détermination, celle de séparer les idées et mesures concrètement écolos et profitables à tous d'un côté, des attrape-tout électoralistes de l'autre. Les ZFE sont à minima une idée mal pensée dans son exécution, à maxima un représentant parfait de la deuxième catégorie évoquée dans la phrase précédente. En effet, elles reposent sur un manque de discernement et sur un biais décisif. 

Le manque de discernement provient d'une ignorance totale de la loi (cynique) du marché, qui fait de toute tendance ou effet de mode un marché à conquérir avant, ou mieux, que tous les autres. Comme les jeans, les pâtes à tartiner ou les abonnements aux plates-formes de streaming, l'écologie est tendance et les entreprises se sont bousculées pour la vendre. Les véhicules crit'air A se vendent plus cher que les autres pour deux raisons ; d'abord pour les aspects technologiques liés, et ensuite, et surtout, pour la fierté de pouvoir crier "crit'air A" sur tous les toits. Exactement comme la fierté de porter des baskets Nike ou des sacs à main Louis Vuitton. Exemple concret : la Renault Clio est crit'air C - à moins de vraiment casser la tirelire - et les Ferrari sont crit'air A. Les Zones à Faibles Émissions sont donc devenues des zones anti-pauvres. Des Zones à Ferrari Encouragées. 

Le biais décisif, bien connu de l'écologie politique et d'EELV en particulier, relève du fait d'avoir pensé, et de vouloir instaurer, les ZFE contre la voiture. Quel problème y a t-il avec la voiture roulant avec la pure et simple molécule d'éthanol ? Quelle solution pour les commerces qui n'ont pas le choix que de s'approvisionner à l'aide d'un moyen de transport capable de déplacer des charges lourdes sans faire appel à la maltraitance animale ? Ce biais, fort bien installé au PS et à EELV, est une entorse à la forte demande de nos concitoyens d'une politique de proximité, de respect, de liberté, et, nous le disions, de justice sociale.

Je n'arrive pas à regretter la suppression des ZFE. Je préfère, car c'est plus honnête intellectuellement et plus sincèrement écologiste, regretter que les politiques qui ont proposé ce dispositif afin de se faire élire par des citoyens en mal d'air respirable l'aient bâclé en beauté, en en faisant un concept résolument obtus et éloigné de la réalité. Ce qui est le contraire même de l'écologie. Ce qui devrait être le contraire de l'écologie politique. 

Une autre approche de la ZFE était possible. En tenant compte d'une vision de l'économie et de la société à long terme. Sans le biais qui a provoqué, dans l'opinion, l'impression d'un insupportable mépris de classe. Mais après l'échec cuisant constaté, il faudra, je le crains, beaucoup de pédagogie et surtout de temps pour qu'une bonne idée, respectant enfin la santé des urbains, voie le jour...

Les Universalistes - Homme Animaux Planète se proposent d'y réfléchir, et plus largement, de dénoncer les idées ratées et gadgets électoralistes pour permettre à une écologie responsable et respectueuse des gens de prendre l'ascendant.